Le premier tome de 2017 du Bulletin de la Société préhistorique française propose un fascinant article de Luc Laporte, Florian Cousseau, Primitiva Bueno Ramírez, Rodrigo de Balbín Behrmann et Philippee Gouézin intitulé « Le douzième dolmen de Barnenez. Destructions et reconstructions au sein d’une nécropole mégalithique » (BSPF, 114, 1 : 93-114).
En voici le résumé, tel que paru dans l’article :
« A la suite des travaux de P.-R. Giot, réalisés à partir du milieu des années 1950, le tumulus sud de Barnenez, situé sur la côte nord du Finistère, est l'un des plus emblématiques parmi les mégalithes bretons. Depuis lors, les connaissances concernant ce monument de soixante-dix mètres de long n'avaient guère été renouvelées, si ce n'est par la publication de la monographie correspondant à ces travaux, à la fin des années 1980. Trente ans plus tard, ce fut notamment l'objet d'un programme de recherche international et d'une thèse à l'université Rennes 1. Il mêle l'étude de l'ornementation des espaces internes et celle de l'architecture. Parmi les résultats obtenus, la chambre H et son couloir montraient des évidences d'état antérieur à celui que l'on observe aujourd'hui. Nous avons donc décidé de réaliser un sondage pour rechercher des traces éventuelles de l'état antérieur au sol. Les résultats ont dépassé nos attentes par la bonne conservation du plan du monument précédent qui a été en grande partie volontairement démonté. Son couloir débouchait directement dans une chambre mégalithique dont certains éléments sont encore en place. L'antichambre que nous connaissons aujourd'hui pour le dolmen H n'existait pas. L'étude de la façade occidentale a également révélé une histoire architecturale complexe. Elle présente de nombreuses pierres dressées. Il s'agit d'un renfort du tumulus contre la pente sur laquelle est construite la masse tumulaire. Mais, il y a également une réelle mise en scène proche de celle d'un alignement de pierres dressées à l'air libre. De plus, des rapprochements ont été faits avec le rythme des orthostates d'autres dolmens du tumulus, nous permettant de dire que les pierres dressées de la façade occidentale pourraient également provenir du démantèlement d'un autre dolmen. Réserver un tel processus aux seuls cas particuliers du remploi de fragments de grandes « stèles » brisées, initialement dressées à l'air libre, fut probablement un contresens ».