Mis à jour le 17.10.2016

Démographie des sépultures mégalithiques du nord de l’Espagne et ses implications sur la structure sociale néolithiques

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Sous le titre de « Demographic evidence of selective burial in megalithic graves of northern Spain », le Journal of Archaeological Science de janvier 2015, vol.53, p. 604-617 propose un passionnant article de Teresa Fernández-Crespo et Concepción de-La-Rúa, du Département de Génétique, d’Anthropologie physique et de Physiologie animale, de l’université du Pays basque.

Les recherches présentées à partir de sept sépultures mégalithiques (dolmens) de La Rioja (communauté autonome du nord-est de l’Espagne) et Araba-Álava (Pays basque) semblent suggérer qu’au Néolithique certains défunts étaient exclus de ces monuments sur base de leur âge et de leur sexe. Les auteurs émettent l’hypothèse que les dolmens auraient été réservés à des personnes dotées de certains privilèges et qui auraient occupé une place particulière dans la société. Les personnes de statut social plus bas auraient pu avoir été mises en terre ailleurs. Dans cette hypothèse, la société néolithique n’aurait donc pas été égalitaire mais déjà hiérarchisée. Cette interprétation n’est pas sans rappeler les hypothèses émises à propos du champ mégalithique de Wéris (prov. de Luxembourg). Là en effet, sur le triple plan géographique, chronologique et culturel, diverses inhumations plurielles en grottes et abris-sous-roche présentent des similitudes avec les allées couvertes régionales locales. On a donc, à diverses reprises, émis l’hypothèse que ces observations traduisaient peut-être des divisions sociales, avec les sépultures mégalithiques réservées à une certaine élite et les sépultures plurielles en abris naturels qui abondent aux abords au reste de la population (voir à ce sujet M. Toussaint, 2013. « Transitions, ruptures et continuité dans les pratiques sépulcrales préhistoriques du karst mosan belge et de ses abords ». XXVIIe congrès préhistorique de France – Bordeaux-Les Eyzies, 31 mai-5 juin 2010, p.183-200 Transitions, ruptures et continuité en Préhistoire).

Pour tenter de résoudre cette question de hiérarchie, T. Fernández-Crespo et C. de-La-Rúa ont entrepris des analyses isotopiques des restes humains des sept dolmens du nord de l’Espagne, avec l’espoir de déceler des différences entre les inhumés disposés dans et hors des dolmens.

On trouvera ci-dessous le résumé anglais de leur article :
The main objective of this article is to reconstruct the model of funerary selection in megalithic monuments from the North of Spain. To this end, a minimum of 248 individuals were analyzed. The collections were recovered from seven tombs from the natural region of La Rioja and are dated back to the period between 3700 and 1500 cal. BC. The study focuses on the estimation of certain paleodemographic parameters (mortality rates and sex ratios), compared with population models and other contemporary archaeological series, as a means to identify and assess possible demographic anomalies. The results show what could be considered as systematic bias against infants but also for some adults, whereas an over-representation of children and juveniles arises. This fact is mainly interpreted as the result of a selective burial pattern, where the access to dolmens was most likely restricted only to those with particular rights and privileges.

Le site Past Horizons nous parle également de cette actualité.

A megalithic grave in La Cascaja (Rioja, Spain)

Une sépulture mégalithique à La cascaja (Rioja, Espagne)