Etienne Juvigné, géologue, chargé de cours honoraire à l'Université de Liège (Ulg, Laboratoire de Géomorphologie et de Géologie du Quaternaire), vient de nous transmettre un intéressant rapport qu’il cosigne avec Frédéric Boulvain, du Département de Géologie de l’Ulg, Pétrologie sédimentaire, et Jean-Marie Groulard, des Amis de la Fagne, à propos du pierrier du mégalithe de Solwaster, dans la commune de Jalhay, dans l’est de la province de Liège (voir PDF ci-dessous).
Le dolmen
de Solwaster, gros bloc de quartzite situé dans la vallée de la Statte, est connu de longue date. Tous les amoureux des Hautes Fagnes s’y sont rendu lors d’une de leur ballade pédestre. C’est un fontainier de Verviers, Théodore Britte qui semble être le premier à s’être interrogé sur son origine, en septembre 1887. Peu après, Elisée Harroy, directeur de l’Ecole Normale de Verviers et passionné de Préhistoire s’y intéressa et y vit un dolmen ; il y consacra un chapitre dans un petit ouvrage pas trop sérieux publié en 1889 sous le titre Cromlechs et dolmens de Belgique, sans réussir à démontrer l’authenticité archéologique de la pierre.
Dès la trouvaille pourtant, d’éminents géologues et notamment le professeur G. Dewalque en 1888 démontrent qu’il s’agit uniquement d’un phénomène géologique. La même année, diverses expertises archéologiques concluent dans le même sens, notamment celle du baron E. de Loë.
Malgré cela, divers farfelus ont longtemps continué à intégrer la pierre dans leurs divagations à propos des mégalithes de Wallonie, par exemple les frères Ch. et M. Brou dans leurs peu critiques Chaussée Brunehaut et monument mégalithiques de la Gaule du nord (1969) et 120 dolmens et menhirs en Gaule belgique (1973), ou encore de Paul de Saint-Hilaire dans son bien pire Liège et Meuse mystérieux (1980).
Les générations actuelles de préhistoriens sont depuis longtemps convaincus du caractère purement naturel de la pierre de Solwaster. C’est le cas, dès 1979 et son mémoire de licence en archéologie, d’Eric Huysecom, actuellement à l’Université de Genève. C’est aussi la position des préhistoriens de métier qui ont réalisé les fouilles aux dolmens de Wéris et de Lamsoul depuis un quart de siècle (Fr. Hubert, M. Toussaint…) et c’est aussi celle de ce site.
Le rapport d’Etienne Juvigné et de ses collègues géologues réactualise la critique géologique de ce pseudo-monument mégalithique en concluant : Nous proposons donc d’abandonner l’hypothèse du dolmen
, et de présenter cette roche comme un simple mégalithe mis en place par des processus naturels ayant agi en climat périglaciaire
.
Le texte de ce rapport, proposé en PDF ci-dessous, est également disponible sur le site des Amis de la Fagne.