Au cours de cet été 2012, le Service des travaux de la ville de Durbuy a entrepris de poser une canalisation le long du chemin dit rue du Menhir, qui relie la rue des Dolmens au carrefour dit des Sorcières, soit entre le centre du village et le secteur ou s’étirent les allées couvertes et menhirs de Wéris.

A cette occasion, un bloc de poudingue allongé et appointé d’environ 1,9 m de longueur et une base de quelque 50 x 80 cm, a été retiré de la tranchée. Aucune information archéologique n’a malheureusement pu être réalisée lors de la découverte. La zone ayant été fortement perturbée, il n’est en outre plus possible de préciser son contexte. Selon l’ouvrier qui maniait le bulldozer, le bloc reposait obliquement avec sa pointe vers le bas. Une telle observation pourrait, à première vue, faire penser à un menhir condamné par basculement. Le monolithe, par contre, ne se trouve pas dans l’axe mégalithique connu mais un peu à l’est de celui-ci, dans une zone où quelques blocs épars sont descendus par solifluxion des crêtes situées à l’est des villages de Oppagne, Wéris et Morville, crêtes où affleurent les bancs de poudingue qui ont servi aux populations du Néolithique de source de matière première pour dresser leurs monuments mégalithiques.

Pour établir le réel statut de la pierre exhumée aux abords du carrefour des Sorcières, il aurait fallu pouvoir réaliser, parallèlement aux travaux de voirie, une courte intervention archéologique et vérifier la présence ou l’absence des indices qui permettent objectivement de classifier un monolithe comme menhir ou comme simple pierre erratique tout à fait naturelle. Parmi ces indices figurent notamment la présence d’une fosse d’érection nécessaire pour dresser un éventuel menhir, la découverte de pierres de calage qui bloquent une pierre dressée dans sa fosse d’érection, ou encore du matériel archéologique d’époque néolithique. Pour plus de détails à propos des critères d’identification des menhirs,on consultera un article de Michel Toussaint, Stéphane Pirson, Christian Frébutte et François Valotteau paru dans le Bulletin de la Société préhistorique française (2005, tome 102, n° 3, p. 597-611) et intitulé Critères d’identification des menhirs dans la Préhistoire belgo-luxembourgeoise.

En conclusion, il est impossible d’établir avec certitude si un menhir a été bêtement gâché à Wéris ou si une simple pierre erratique de plus a été mise au jour, bien que cette seconde hypothèse puisse paraître plus probable en raison de sa position géographique. Dans un tel cas, la pierre aurait pu avoir été retirée d’un champ voisin où elle gênait les activités agricoles et placée le long du chemin.

Quoi qu’il en soit, les évènements relatés ci-dessus montrent bien à quel point il est nécessaire — ce qui est d’ailleurs légalement obligatoire en fonction du Code wallon de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme, du Patrimoine et de l’Energie ou CWATUPE — que toutes les personnes qui découvrent par hasard de tels blocs à l’occasion de travaux privés ou publics préviennent les services archéologiques compétents (Direction de l’Archéologie du Service public de Wallonie, 1 rue des Brigades d’Irlande, 5100 Namur, ou Service de l’Archéologie de la Direction de Luxembourg, 22 rue des Martyrs, 6700 Arlon) ainsi que le Musée des Mégalithes, à Wéris même.

Puisqu’il y aucun sens à la conserver in situ en raison de la méconnaissance de sa nature réelle, les responsables de la maison des Mégalithes comptent ramener la pierre dans la pelouse de leur espace d’accueil.

Pour d’autres renseignements sur le malheureux destin de la pierre du carrefour des Sorcières, on consultera aussi la notice de Philippe Bastin, du musée des Mégalithes, dans Terre de Durbuy n° 121, 2012, p. 47-50. Merci à Philippe Bastin et Terre de Durbuy qui ont averti la Direction de l’Archéologie de la découverte.

Le monolithe a été découvert le long du chemin, entre les deux messieurs.

Joël donne une idée de la dimension approximative du monolithe.

Autre vue de la pierre.