Mis à jour le 17.10.2016
Vue longitudinale de l'allée couverte depuis le sud-est.
L’allée couverte Wéris I ou dolmen nord est signalée dès 1879 dans un texte de A. Daufresne de la Chevalerie. Elle avait cependant, semble-t-il, déjà été repérée auparavant par J.-B. Geubel, juge de paix à Marche. Le monument est acquis par l’Etat en 1882 avant de faire l'objet d’une première restauration et d'être entouré d’une grille, en 1885-1886. Des fouilles sont alors menées tant à l’intérieur du monument qu’à sa partie postérieure, en 1888 par A. Charneux et en 1906 par A. de Loë et E. Rahir.
Le monument au début du 20ème siècle, lorsqu'il était encore encerclé par la grille retirée en 1990.
Deux campagnes de fouilles modernes sont ensuite réalisées sur le site, d’abord de 1979 à 1984 par l'ex-Service national des Fouilles puis de 1999 à 2001 par la Direction de l’Archéologie et l’Association wallonne d’Etudes mégalithiques. Une nouvelle restauration est réalisée en 1991 : la grille qui entourait le site depuis un siècle est enlevée, trois menhirs retrouvés devant le monument sont redressés, l'antichambre est réaménagée, l'arrière du mégalithe est stabilisé.
Première campagne de fouille moderne (1982).
Seconde campagne de fouille moderne (2000).
Wéris I, classé comme monument par un Arrêté Royal du 4 octobre 1974, est une sépulture collective, les quelques os humains retrouvés lors des fouilles en témoignent. Elle a été érigée au Néolithique récent, au cours de la première moitié du troisième millénaire avant notre ère (sur base de deux dates carbone 14 calibrées).
Dans son état de conservation actuel, le monument est disposé au niveau du sol. Aucun indice de tumulus et d'une éventuelle tranchée de fondation n'a été décelé mais les multiples remaniements des abords du site ne permettent pas de juger avec certitude de la situation originelle.
Plan de l'allée couverte.
Le mégalithe se compose d'un vestibule ou antichambre, d'une chambre rectangulaire couverte et d'une dalle postérieure posée à plat. Il mesure 10 m 80 de longueur pour 4 m 60 de largeur. Son grand axe est orienté du nord-nord-est au sud-sud-ouest.
La chambre a environ 6 m de longueur, 1 m 70 de largeur moyenne et environ 1 m 50 de hauteur. Deux supports placés l'un derrière l'autre la délimite sur chacun des côtés longitudinaux. Ceux qui délimitent l'avant de la construction sont chacun quasiment aussi larges que la chambre elle-même et supportent une énorme dalle de couverture de 5 m de long sur 3 m 60 de largeur maximale. Les fouilles récentes ont montré que les piliers antérieur reposaient dans des fosses et les postérieurs sur un lit de blocs de calcaires disposés de chant ou à plat, en deux niveaux. Ces piliers arrière supportent la deuxième dalle de couverture du monument.
Le chevet ne présente plus de dalle de fermeture dressée. Un radier de blocs, qui joint les fondations repérées sous les piliers gauche et droit, montre cependant que la chambre était bien fermée par une dalle perpendiculaire à son axe. Peut-être la petite dalle actuellement couchée à l'intérieur de la partie arrière de la chambre en est-elle un reliquat. Une grande dalle posée à plat jouxte l'arrière du monument. Sa fonction reste énigmatique.
Les dalles-hublot qui séparent la chambre de l'antichambre.
Deux dalles posées de chant séparent la chambre de l'antichambre. Elles ont été échancrées par bouchardage pour composer, une fois juxtaposées, un demi-hublot évasé vers le haut.
Le vestibule est délimité par un pilier de chaque côté. Devant l'entrée se trouvent deux dalles placées horizontalement au niveau du sol. Une fois redressées sur un radier de blocailles occupant l'essentiel du vestibule, elles avaient, d'après les derniers fouilleurs, pour fonction de fermer la façade avant.
Plusieurs menhirs annexes précèdent le monument. Trois d’entre eux ont été redressés. Ils pourraient avoir délimité un dispositif d'accès monumental à l'allée couverte. L'un d'entre eux, considéré comme un menhir indicateur, se trouvait devant le côté oriental du vestibule ; trois de ses faces montraient encore les blocs de calage qui remplissaient sa fosse d'érection sa quatrième face était étayée par une dalle de calage plus petite qui avait peut-être auparavant servi de renfort au bord de la fosse au moment de l'érection.
À gauche, l'allée couverte ; à droite, deux des trois menhirs redressés.
Outre de rares ossements humains, le matériel archéologique découvert se compose essentiellement de six pointes de flèche de facture néolithique, soit une foliacée et cinq à pédoncules, avec ou sans ailerons suivant les cas ; il y a aussi quelques tessons de poterie dont un fragment de gobelet.
champ mégalithique de Wérisà Durbuy (province de Luxembourg), Notae Praehistoricae, 21, p. 157-173.