Mis à jour le 17.10.2016

La « Pierre du Diable » de Haillot

Position de Haillot sur la carte. Échelle.
Le menhir de Baileux.

Le menhir de Haillot après son redressement à l'issue de la fouille (été 2007).

La Pierre du Diable de Haillot, à Ohey, province de Namur, dans le Condroz namurois, représente la plus récente découverte de menhir en Belgique. Il a été l'objet durant l'été 2007 d'une fouille archéologique rigoureuse qui a conduit à son redressement à son emplacement d'origine.

Durant l’été 2007, la Direction de l’Archéologie du Service public de Wallonie (SPW, anciennement Ministère de la Région wallonne – MRW), en collaboration avec l’Association wallonne d’Études mégalithiques, a organisé une fouille préventive à Haillot. Cette intervention s’est concentrée sur une curiosité locale qui était menacée par un projet de lotissement : la Pierre du diable, un gros bloc de poudingue à demi-enterré dans le talus d’un chemin.

Les indices et les vestiges mis au jour ont permis de démontrer que cette pierre de quelque 4 à 4,5 tonnes avait été dressée dans une fosse de fondation, probablement au 3ème millénaire, voire au début du 2ème millénaire avant notre ère. Durant les Temps modernes et le 19ème siècle, le monument a subi deux manipulations qui ont entraîné son abattement puis son ensevelissement dans une fosse.

La datation du dressement a fait appel à trois éléments de fiabilité variable :

  • La morphologie et la hauteur hors sol de ± 1,60/1,70 m du monument de Haillot, qui correspondent à la taille moyenne d’un individu néolithique, constitueraient des indices en faveur d’une interprétation anthropomorphique de cette pierre.
  • Un second indice chronologique se rapporte au contexte mégalithique régional et local. En l’état actuel de la recherche, les mégalithes certains sont attribuables au 3ème millénaire. Il s’agit, à 35 km au sud-est, des deux allées couvertes et des seize menhirs de l’ensemble mégalithique de Wéris et, à 27 km à l’ouest, de la Pierre du diable de Jambes. Détruit au début du 19ème siècle, ce dernier monument pourrait appartenir à un faciès de la culture TRBK.
  • Le dernier élément de datation, le moins fiable des trois, repose sur un talon de hachette polie en jadéite exhumé à 2,2 m de la fosse de fondation du monolithe. Sans contexte stratigraphique précis, la contemporanéité de la perte ou du dépôt de cet artefact isolé avec la création du menhir ne peut être assurée, même si le voisinage de ces deux éléments peu communs intrigue et mérite une réflexion plus approfondie.

Grâce à une décision des autorités communales de Ohey en faveur du menhir, celui-ci a été redressé à son emplacement initial le 23 septembre 2007 lors d’une expérimentation exceptionnelle qui a nécessité l’huile de bras de la population locale. Durant cette journée qui a attiré près de 600 personnes, le monolithe a subi plusieurs opérations tels une traction sur une longueur de 20 m en remontant une pente de 4 degrés, deux rotations sur lui-même et enfin son redressement dans la fosse néolithique primitive. Des cordes de chanvre et des bras de levage ou chèvres ont été utilisés pour faciliter ces manœuvres.

Redressement du menhir de Haillot à son emplacement initial.

Redressement du menhir de Haillot à son emplacement initial (23 sept. 2007).

Pour en savoir plus

Vignette de la première page de l'article.
Frébutte C., 2007. La Pierre du Diable de Haillot, à Ohey (province de Namur)… un menhir révélé par une fouille préventive, Notae Praehistoricae, 27, p. 159-170.